Monday, August 23, 2010

Signares




La république libératrice et colonisatrice vous aura fait perdre votre fard et vos bijoux, et cette soi-disant émancipatrice votre statut pour vous réarranger sous les ordres des maris, souvent simplement incapables.

Persécutés à cause de leur foi, des juifs furent la semence des mulâtresses chrétiennes que vous deviendrez. Eux les « jetés dehors », s'établirent en vos terres pour y trouver refuge et femme et engendrer vos lignées, de Joal à Rufisco et Portudal!
Obrigado, disent-ils? Dioko ndiel, dites vous?

Est-ce qu'un animisme talmudique prévalut dans cette communauté ou qu'en fut il de vos croyances? Shalom, Jamm!

Qu'importe! Des choix vivifiants furent pris.
Alors que des représentations exotiques de maitresses langoureuses, presque à dire sangsuelles, devraient caresser notre imagination, une lente construction de rapports complexes, d'équilibres maintenus, d'aspirations gouvernées nous apparaît. Au delà, des fastes des bals colorés et métisses , l'entrepreneuriat et l'intelligence, à la fois celle des services secrets et de la diplomatie que celle du négoce et de la vie commune, nous surprend et nous fascine.
Vivre en bonne intelligence, est-ce aussi cela?

Car, Signares, aux couvertes d'or ciselé, aux peaux tannées, élégamment et précieusement accoutrées, Signares, mères et épouses, maitresses de cœurs, de maisonnées et d'affaires, nobles sérères, vous créâtes une société nouvelle qu'esclaves, esclaves affranchis, maitres charpentiers et griots entre autres, servirent et entretinrent.

Comment? Choiseul, ministre de Louis le quinzième, vous voulait en Guyane, aux Amériques, pour gérer ces terres pour eux invivables. Est-ce qu'Ariane est une Signare?
Les Anglais vous contractèrent pour construire Saint Mary of Bathurst, si efficace était votre savoir-faire. Oh! My God! Ladies!
Et certains vous relègue à ces liaisons de concubinage, embobinage, et autres fonctions remplies par les entraineuses actuelles de haut de gamme. Au dessous de vos coiffes traditionnelles, d'autres voient même en vous l'auxiliaire utile, sinon la bénéficiaire, des pratiques esclavagistes, qui permettront le riant balcon sur rue.

Qu'avez vous fait germer?

En passant devant l'église catholique de Saint Charles Borromée,que la riche signare Anna Colas finança, à Gorée, je fus interrogé par ce nom, à titre personnel, puisque je vécu au voisinage des iles Borromées, sur le lac Majeur en Italie, iles fort visitées ayant appartenu à cette famille Borromée, qui eut donc un saint parmi elle. A sa mémoire, l'on érigea une statue de 35 mètres de haut avec un escalier à l'intérieur qui nous amène à sa tète, d'où l'on peut apprécier le panorama à travers ses yeux et oreilles. Saint Charles Borromée, né dans la richesse et la magnificence, cardinal avant ses 23 ans, archevêque de Milan, fut aussi connu par sa frugalité (souvent il ne se nourrissait que de pain et eau), son engagement pour les réformes du concile de Trente, sa lutte pour aider les pestiférés. Pas vraiment un homme que l'on imagine courtisan de nobles et attirantes femmes sérères en 1560 à Joal ou Sali, liées en plus à des séfarades lancés sur les mers à l'aventure, et pourtant l'une d'elles, riche, plus de deux siècles plus tard l'honora. Dans ce monde toute rencontre n'est pas fortuite, quels qu'en soient les temps ou les modes.

« Un invincible penchant pour l'amour et le plaisir »nous dit le directeur de la Compagnie. Un regard innocent, presque timide nous invite dans sa résidence pour une danse fastueuse, où l'or est l'amant jaloux de ses chevilles, poignets, cous, oreilles, que sais-je?, taille?nous invite a un folgar, à prendre un congé, une vacance. Oubliant les taches et routines, se laissant enivrer par la distance si proche, les hommes étrangers se soumettent à la rencontre, légers, désirant non pas seulement une autre femme, mais l'autre aussi; conquise ou conquis? Milles choses durent se fomenter lors de ses premières mondanités, dont certainement l'on dut débattre entre consœurs, assises à même le sol, comme sur la petite cote, la première fois, avant qu'elles ne sachent comment faire construire une barque, comment vendre la gomme arabique, comment léguer à leurs métisses.

Quelque amour parfois nous joint aussi dans son humeur indigo!

Ou serait-ce votre coiffe en pain de sucre?

Et je recommande : "Céleste ou le temps des Signares",  un livre de Jean-Luc Angrand  .http://www.signare.com/ a la base de mes connaissances historiques des Signares

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